Les Sabres sacrés. Tome 1, Le sabre de neige
Sorti fin janvier aux éditions Albin Michel Imaginaire, Le sabre de neige est le premier roman de l’autrice Salomé Han et premier tome de la trilogie des Sabres sacrés, une fantasy inspirée du Japon. J’étais très curieuse de me plonger dans cette histoire mise magnifiquement en avant par une couverture somptueuse d’Aurélien Police et voici ce que j’en ai pensé… Extrait: « […] cinq siècles, ou même dix, ne changent rien à la nature humaine. Là où il y a de la puissance, il y a de l’envie. Et là où il y a de l’envie, il y a la mort.» De la fantasy qui invite à l’évasion Avec cette trilogie, Salomé Han nous propose de nous emmener au cœur d’un Japon de fantasy qui n’a jamais existé évoquant de nombreux aspects de la mythologie japonaise, notamment en peuplant son récit de yokai, d’évocations des Kami et parlant, entre autres, des traditions autour du sabre et du Ki. Le changement est bienvenu face aux multiples fantasy médiévales européanisantes et l’évasion est bien au rendez-vous. Nous baignant dans cette autre culture au travers d’une histoire qui ne peut s’en détacher, le roman nous emporte sans faillir dans son ambiance un brin mystique avec ses propres légendes. Si cela impacte évidemment tout le décor, le côté japonisant touche aussi beaucoup à l’histoire, imposant des codes avec lesquels on n’est généralement moins familiers et donnant à l’histoire un rythme particulier qui nous explique progressivement les tenants et aboutissants d’une vie de Kenshi. J’ai beaucoup aimé cet aspect-là, ce respect aussi pour une culture qui n’est pas celle de l’autrice qui vit tout de même en Corée et sa volonté de nous donner des clés pour s’y plonger notamment avec un glossaire conséquent (même si je le répèterai toujours: les glossaires en fin de livre cassent tout le rythme de lecture! Je déteste ça.). L’aspect « Asie » de cette histoire est omniprésent et logique, dans les personnages, les créatures, la magie ou même encore dans l’esthétique. Il ne sert pas juste de décor en carton vendeur. Il donne au contraire toute sa saveur et son épaisseur au récit. Attention cependant, si c'est une culture que vous connaissez déjà beaucoup, la surprise ne sera possiblement pas tout à fait au rendez-vous. Extrait: « Ce n’est rien. Ce n’est que le début. Et je suis avec toi.» Une histoire de combats, de souffrance et d’amour Ce premier tome nous embarque au cœur d’une histoire épique qui se pare au départ d’une aura mystique entre enseignement, nature sacrée et dévotion. C’est le récit d’une relation entre le disciple Isao et son maître, un récit qui parle d’initiation mais aussi d’émancipation. L’intrigue, bien que parfois alourdie par quelques longueurs, nous offre une aventure qui semble être une quête infinie et nous emporte de péripéties en péripéties dans un maelströms d’émotions vécues par les personnages. On y parle de deuil, d’amour fou, de rage et désespoir avec une intensité propre à la culture nippone. Le tout dans un univers volontairement et naturellement inclusif, un très bon point. C’est aussi un récit ponctué de nombreuses scènes d’action qui, toutes sans exception, sont parfaitement écrites. À la fois épique et très visuelles, elles ont à l’écrit la portée de magnifiques scènes cinématiques. J’ai généralement du mal avec les combats en fantasy mais ici tout est clair et joliment orchestré dans une ambiance très réussie. J'ai regretté une certaine lenteur en milieu d’ouvrage qui offre un temps de pause avant un final qui est, certes, partiellement prévisible mais néanmoins très beau. Je suis curieuse de savoir la suite de la trilogie bien que ce premier tome, avant d’ouvrir de nouvelles voies, offre une conclusion à un arc et pourrait, en l’état, se suffire à lui-même. J'aurai aussi aimé plus de nuances, plus de poésie dans un univers qui s'y prête parfaitement. C'est un peu trop brut et manichéen. En bref, Le sabre de neige est un roman réussi qui nous emporte avec plaisir dans une version fantasy du Japon pour une histoire épique et intense inspirée de la culture nippone. Quelques lenteurs entachent un peu le rythme ainsi qu'un manichéisme un peu trop présent mais l’ensemble est néanmoins très bon et propose une belle évasion dans un récit d’amour, d’émancipation sur fonds d’enjeux politiques et de destins sacrés. Résumé: « On les appelle les Porteurs de Sabres Sacrés et on raconte qu’ils servent la volonté des Kami. Ils ne sont pas immortels, mais vieillissent différemment de nous, s’éloignant peu à peu de l’humanité. Maître Shiro, le Héron Blanc, est l’un d’eux. Il porte le Sabre de Neige, qui se nourrit du sang de ses victimes et procure cette extraordinaire longévité convoitée par l’Empereur en personne. Isao, dix-neuf ans, est son unique disciple. Ils vivent ensemble au cœur d’une forêt sacrée, se dévouant corps et âme à la Voie du Sabre. Quand Isao apprend que la tête du Héron Blanc est mise à prix et que leur ermitage secret est découvert, tous deux se voient obligés de fuir. Confronté à un monde extérieur auquel les idéaux de la Voie du Sabre peinent à s’appliquer, Isao est déterminé à dépasser ses propres limites et à gagner le respect de maître Shiro, qu’il aime éperdument. Mais le jeune disciple ignore tout des dangers et des créatures qui se dresseront sur son chemin. À commencer par ses semblables : les hommes.» (Illustration de couverture : © Aurélien Police) Autres tomes de la série: Tome 2 - Le sabre de nuit - à paraître Tome 3 - Le sabre du chaos - à paraître [Diversité: pp gay, ps pansexuel.le] > Content warning