L’utopie de la servitude volontaire
Dimanche 02 novembre 2025
Comme convenu dans la lettre d’un précédent Dominical Day, je remets timidement sur l’ouvrage la question essentielle du 05 janvier de cette année afin de lui apporter un complément, sinon de la traiter plus en profondeur. Il s’agissait alors de la quête de Minerve et de l’utopie qui lui était attachée.
La question était la suivante :
Dans la mesure où cette quête verrait sa réalisation, l’utopie serait-elle atteinte ?
La réponse, en trois parties, s’articulait ainsi pour la seconde :
2. Une utopie réalisée devient également une réalité froide et objective. Elle est factuelle, présente, analysable et toujours décevante. C’était en somme un mauvais rêve, sinon une fausse croyance. Était-ce donc véritablement une utopie ?
Indéniablement non.
Dans les deux cas, il s’agit d’une escroquerie intellectuelle promue pour plaire au plus grand nombre au sein de laquelle chacun entendra ce qui lui plaira et si tel n’est pas le cas, le discours sera suffisamment empreint d’ambiguïté afin que l’individu lambda puisse finalement se persuader qu’il est lui-même l’obstacle à sa réalisation et qu’il doit changer de point de vue afin de contribuer à sa réalisation, sinon s’écarter afin de ne pas être une gêne.
C’est le principe même du totalitarisme démocratique des sociétés occidentales soumises au pouvoir oligarchique de quelques personnes qui persuadent des millions de citoyens qu’ils ont tort de vouloir prendre leur destin individuel en main et que leur Salut ne réside que dans la soumission à des lois iniques tout en les convaincant de voter en troupeau de Panurge pour maintenir au pouvoir ces mêmes roublards.
Il ne me semble pas utile d’effectuer une redondance sur la définition de l’utopie qui a été explicitée dans l’essai de complément de la semaine précédente. Ainsi, nous pouvons en venir directement au vif du sujet en ce nouvel essai de complément pour le point N°2.
Essai de complément :
Il est indéniable qu’une utopie qui se réaliserait, s’intégrerait à notre propre réalité quotidienne personnelle et qu’elle ne le pourrait qu’individuellement tandis qu’elle resterait pour un autre individu complètement inexistante, sinon cérébralement et conceptuellement impréhensible, voire une désagréable expérience dont il n’aurait la volonté que de s’en débarrasser ou de s’en éloigner.
Comme nous l’avons vu précédemment, une utopie qui se réalise est toujours d’une grande déception au regard du fait qu’elle se différencie d’un souhait, fût-ce t’il empreint de grandeur et d’espoir. De plus, il n’est pas d’individus sur Terre qui peuvent en sincérité absolue, se vanter d’avoir réalisé l’utopie qu’il avait conçu dans leur imagination qui, elle, peut tout permettre sans contrainte et dont seul son porteur définit les limites en ce qu’il s’en impose consciemment pour rendre son utopie réalisable, sinon sans conscience en ce que son intellect limite son imagination à des expériences précédemment vécues, le contraignant dans des bornes intellectuelles d’une grégarité d’habitude qui façonne l’imaginaire avec une extrême pauvreté.
Concernant la dissemblance la plus infime entre l’utopie et sa réalisation objective avec des moyens qui seraient, par ailleurs, illimités tant sur la technique ou financiers verrait de facto l’utopie être non-réalisée et retourner à son essence de n’être réalisable que dans un non-lieu qui la définit et la contient.
Toutefois pour l’exercice, admettons qu’elle se réalise pour un individu.
Il conviendrait alors, afin qu’elle soit intégralement reconnue conforme à sa création originelle, que son porteur puisse valider cette conceptualisation comme identique en l’analysant objectivement avec une honnêteté intellectuelle absolue tout en acceptant que cette étude la neutraliserait ipso facto en ce qu’elle ne serait pas vécue, mais froidement évaluée afin de l’accepter fidèle à ce qu’elle était au terme de son élaboration en tant que noumène.
Une utopie qui ne se vit pas, n’existe pas et ne peut être valable que dans l’hypothèse qu’elle puisse être comparée à son état précédent.
Le noumène est par nature antinomique du phénomène en ce qu’il ne peut être qu’appréhendé incomplètement et pour le second, qu’une réalité objective analysable sans autre valeur que celle qu’elle possède intrinsèquement et que le passage en l’un ou l’autre de ces états lui fait perdre une partie de sa composition et donc de sa valeur.
Il est toutefois des individus qui promeuvent l’utopie comme étant une réalité factuelle envisageable si tant est que la plèbe des suceurs de cailloux suit leurs conseils et leur accorde crédit ou confiance.
Il s’agit majoritairement des dirigeants politiques, élus ou cherchant à l’être en utilisant tous les moyens mis à leur disposition pour parvenir à la fonction désirée tant ils sont persuadés de pouvoir mettre en œuvre leur vision personnelle au service de la norme du plus grand nombre en ce qu’il la considère comme meilleure que celle de leur adversaire et la plus aboutie pour réaliser les rêves de leurs peuplades d’électeurs et ceux qui soutiennent un autre champion en ce qu’ils ne sont pas assez intelligents pour comprendre que ce dernier propose un projet irréalisable.
Lorsque l’on sait que la réalisation de son propre bonheur est déjà d’une incommensurable difficulté pour un très grand nombre d’individus, en raison qu’il est toujours plus rassurant de rêver en direction d’un espoir d’un bonheur toujours futur qu’en celui qui est présent et qui se trouve systématiquement sous-estimé, voire ignoré, la promotion pour une plèbe de millions de suceurs de cailloux en une utopie contenue dans un projet politique est un mensonge grossier dont les promoteurs eux-mêmes savent qu’il ne se réalisera jamais et dont les fervents partisans composés d’électeurs et de soutiens divers sont au mieux des complices, des idiots utiles conscients de ce mensonge, sinon des berniques méritant pleinement leur sort de mouton de Panurge galopant en direction de l’abysse insondable du gouffre d’Hadès afin de s’écraser sur une plage en direction des p’tits galets tout doux et tout mignons qui servent habituellement à faire des ricochets sur l’eau et dont leur participation au devenir de cette inhumanité utopique leur offrira seulement la possibilité de ricocher une dernière fois sur ces p’tits cailloux tout doux et tout mignons étalant ainsi leur ignorance crasse et leur servitude volontaire comme de la confiture sur une tranche de pain qui, elle, s’écrase toujours du mauvais côté sur la carrelage immaculément blanc de la cuisine.
UTOPIE POLITIQUE PROMUE PAR LE PERSONNEL POLITIQUE DE LA FRANCE ENTRE 1970 ET 2025
Dette de la France
1970 : Estimation raisonnable avec équivalence Francs – Euros 18,5 à 19,7 milliards €
2025 : Estimation 3 416,3 milliards €
Citons également les philosophes qui, sous couvert de leur titre universitaire obtenu grâce à un examen conçu pour être réussi par n’importe quel étudiant en philosophie dont la seule qualité se trouve être l’assiduité et la production d’un mémoire ou d’une thèse qui n’est toujours lu qu’avec une extrême bienveillance, sinon avec une inégalable incompréhension par le jury dont le niveau est parfois largement inférieur à celui de l’étudiant afin de lui accorder ce titre intrinsèquement sans autre valeur que celle d’avoir un cerveau. Ceux-là vantent une utopie réaliste ou raisonnable et pratiquent ainsi avec une lucide hypocrisie une pure escroquerie intellectuelle qui ne berne que 99 % de la population en ce qu’elle sera naturellement toujours bête à sucer des cailloux et toujours Panurgesque et pour l’éternité comparable à une colonie de bernique au cerveau d’huître se noyant dans du jus de citron. Ainsi est le genre humain lorsqu’il est brossé dans le sens du poil, vanté pour ses ressources intellectuelles dont il ignorait en posséder en raison qu’il n’en possède que rarement, sinon pour ses qualités dont il s’imagine qu’elles sont supérieurs à celles de son voisin qui n’en possède aucune et dont ce même voisin possède uniquement un raisonnement miroir au premier et dont ils conviennent ensemble d’un résultat identique pour 99 % de la population qui, elle-même, ne possède qu’un raisonnement identique envers 99% de la population.
Concernant les promoteurs de conseils, de concepts « innovants » et plus globalement de toutes les personnes avides de notoriété en ce qu’elle est pour eux, une forme d’utopie à réaliser et que l’on retrouve chez tous les donneurs de conseils gratuits qui n’ont de valeur que celle qu’il convient d’accorder à leur fatuité et parce qu’ils sont aussi invendables que leur valeur, on retrouvera la même populace Panurgesque que dans le paragraphe précédent et il n’est utile d’accorder d’intérêt scriptologique à ces têtes de glands que le temps nécessaire que ce dernier met pour assurer sa chute de l’arbre.
Conclusion,
La plèbe se comporte toujours en mouton de Panurge et pense comme une bernique agrippée à son rocher, effrayée par les vagues de la mer morte d’Aral, tout en s’imaginant pouvoir réaliser son utopie individuellement collective, en réalité plus proche d’un numéro de cirque Pinder. Nous ne sommes plus dans l’utopie de bazar, mais dans le mensonge le plus éhonté, dans l’escroquerie intellectuelle la plus crasse à laquelle participent tous les individus qui donnent foi à cette fausse utopie, qui sous couvert de son titre de foire aux bestiaux n’offre pas davantage qu’une déception permanente bien réelle et des ressentiments toujours plus importants.
La responsabilité de cette escroquerie est intégralement collective pour chacun des participants qui la promeuvent, l’entretiennent individuellement hypocritement en ce qu’ils ont une parfaite connaissance qu’elle n’est qu’un mauvais rêve et une fausse croyance et que leur intelligence mise en commun ne dépassera jamais le plus haut niveau du premier barreau de l’échelle de Wechsler et dont Schopenhauer sera largement confondu avec Oppenheimer tout en s’étant forgé la ferme conviction que ces deux figures de l’histoire sont des compositeurs de musique classique allemands, alors que l’un et l’autre pourraient sans peine annihiler 99% de la vie humaine sur Terre, l’un par ses raisonnements philosophiques et l’autre pour sa participation au projet Manhattan.
Post-scriptum,
Le ton pamphlétaire est parfaitement assumé en ce qu’il m’est difficilement supportable d’avoir pleinement conscience que la plèbe humaine se compose de mes contemporains et dans l’obligation de vivre dans la même entropie sociale, bien que nous vivions dans deux mondes distincts en ce que le mien est régi par l’intellect et l’analyse et bien que je sois parfois tenté de céder à l’abandon de ma misanthropie en achetant des cerveaux pour ces berniques bêlantes, je finis toujours par préférer la lecture d’un nouvel ouvrage afin de me cultiver davantage en abandonnant à leur dégénérescence ces moutons Panurgiens suceurs de cailloux et leurs bergers en raison que l’écho de leur ignorance m’est suffisamment pénible à entendre, partager mon quotidien avec eux, une réelle souffrance, tandis que les abandonner sans regrets est la promesse d’une survivance et d’un atavisme dans ma prochaine existence.
J’avais le choix d’utiliser un mode d’expression composé de mensonge et d’hypocrisie, mais j’ai préféré opter pour ce que l’humanité admire par-dessus tout : l’honnêteté intellectuelle.
Nouvelle lettre de ma tante Jeanne
21 juillet 1976
Éviter les flatteurs, les trompeurs et les flagorneurs
Mon Nicolas, Cher Neveu,
S’il est des déclarations grandiloquentes et des actions époustouflantes destinées à en mettre plein la vue et à impressionner un public ou un individu, n’oublie pas que ce sont les gestes les plus insignifiants qui feront toujours la différence.
Prends garde à ne jamais te laisser berner par les individus qui pratiquent l’esbroufe avec professionnalisme et qui ont toujours un objectif caché dans leur manche comme le ferait un joueur de poker professionnel malhonnête avec un jeu de cartes afin de puiser à l’intérieur ce qui lui permettrait de toujours se faire passer pour le meilleur joueur alors qu’il n’est réellement qu’un flatteur et un flagorneur attendant le meilleur moment pour tromper autrui.
Ta tante Jeanne
Une lettre ne devant plus se refermer sans le passage de mes livres lus au cours de la semaine.
La garde Blanche
Mikhaïl BOULGAKOV
Édition Le livre de poche
Dépôt légal n°1897. 3e trimestre 1972.
Page 447
Le glaive disparaîtra, et seules les étoiles demeureront, quand il n’y aura plus trace sur la terre de nos corps et de nos efforts. Il n’est personne au monde qui ne sache cela. Alors pourquoi ne voulons-nous pas tourner nos regards vers elles ?
Lu et déposé dans une boîte à livres le 29 octobre 2025
Études de Psychologie littéraire
Louis CAZAMIAN
LIBRAIRIE PAYOT & Cie
LAUSANNE ET PARIS
1913
Page 250
La destinée de Thompson n’a pas été si cruelle qu’il ait pu, dans le recueillement de son âme, assembler les matériaux de son chef-d’œuvre ; et comme nous, il a dû goûter parfois une étrange fascination à fixer ses regards sur le sombre décor qu’il avait fait surgir à l’horizon ; car si la Ville de la tristesse est si tragique et si émouvante, que la beauté pose sur ses noires murailles un rayon de pure lumière.
Lu et déposé dans un tiroir de mon bureau le 1er novembre 2025
Cet ouvrage, qui date de 1913, est doté d’une couverture d’une extrême fragilité, laquelle s’est à nouveau abîmée. Il n’est désormais plus envisageable de l’ouvrir de nouveau, sous peine de voir son étole se détacher définitivement. Ce livre est tout de même âgé de 112 ans…
La douleur
Marguerite Duras
Édition Folio
Dépôt légal : avril 2009
Page 101
Je note chaque soir ce qui s’est passé avec Rabier, ce que j’ai appris de faux ou de vrai sur les convois des déportés vers l’Allemagne, sur les nouvelles du Front, la faim à Paris, il n’y a vraiment plus rien, nous sommes coupés de la Normandie sur laquelle Paris à vécu pendant cinq ans. Je prends ces notes à l’attention de Rober L. pour quand il rentrera. Je pointe aussi sur une carte d’état-major l’avancée des troupes alliées en Normandie et vers l’Allemagne jour après jour. Je garde les journaux.
Une lettre ne devant plus se refermer sans une citation personnelle qui vaut parfois mille mots.
L’un des nombreux avantages d’avoir une pensée complexe, incomplètement préhensible pour les uns et complètement incompréhensible pour tous les autres, est que cela permet d’être, de rester et d’évoluer à contre-courant de la théorie darwinienne concernant la sélection naturelle et bien que mon inadaptation devrait théoriquement être contre-productive, je la développe davantage quotidiennement afin d’explorer des concepts encéphaloscriptiques différents, non plus complexes les uns par rapport aux autres, mais afin de tester la résonance qu’ils entraînent et ses conséquences lorsque l’écho me revient différemment, afin qu’ils puissent être appréhendés par tous les autres avec une adaptation dont je ne puis me résoudre à l’imiter pour entrer dans cette résonance avec la norme du plus grand nombre composant le genre humain à l’instinct trop grégaire et au souhait de ressemblance miroiresque trop grand.
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