Prière d’un chrétien en manque d’espoir
Je regarde le monde, Seigneur, et je ne vois que la honte.
Des hommes qui se serrent la main pour mieux nous broyer.
Poutine, Trump — infamie en costume.
Macron — marchand de misère, qui nous vend au plus offrant, et nous piétine à coup de glyphosate et de mots creux.
Et celle que j’aime, au désespoir de croire, croit voir la blessure aggravée d’une tourterelle — une presque colombe — qu’elle avait pourtant posée en un lieu protégé.
Et là-bas, à Gaza, des enfants, des parents, des grands parents meurent sous les bombes, dans l’indifférence glacée des chancelleries.
Le sang coule, Seigneur, et l’histoire bégaie : ceux qui portent en mémoire les camps et les cendres laissent aujourd’hui derrière eux des ruines et des cris derrière eux.
Comment comprendre ? Comment pardonner ?
Comment prier quand la justice semble morte ?
Je suis fatigué, Seigneur. Fatigué d’être citoyen d’un royaume illégitime qui tue.
Fatigué de voter pour ces être démoniaques, des visages sans visage.
Fatigué de croire que la paix viendra par la force et la pensée politique.
Elle ne vient pas. Elle ne viendra pas. Désespoir.
Alors je me tourne vers vous. Non pas avec ma foi, mais avec ma faillite.
Non pas avec une grande ferveur, mais par fatigue sans fin.
Et je vous crie — comme aurait pu le faire Marie Noël dans ses notes intimes :
Seigneur, je suis là. Pas par foi, mais par fatigue.
Je ne viens pas vous louer, je viens vous dire que je n’en peux plus.
Je ne vous comprends pas. Et qui le pourrait ? Je ne vous sens pas. Je ne vous aime pas — aujourd’hui.
Mais je vous parle. Et c’est déjà beaucoup.
Que me voulez-vous, Seigneur ?
Je n’ai plus rien. Ni espoir, ni projet, ni patience.
Juste ce cœur en friche, ce souffle en peine, cette âme en veille.
Vous ramassez les ruines, dit-on. Alors prenez les miennes.
Faites-en ce que vous voulez. Mais dites-moi que vous êtes là.
Pas pour me juger. Pas pour me consoler. Juste pour rester.
Je ne vous demande pas la paix. Je vous demande la présence.
Et si vous ne répondez pas, je resterai quand même.
Car même le silence peut être prière.
Et même ces rebuts peuvent édifier un Royaume.
Alors je murmure à Marie, messagère des murmures, de demander à son fils de faire luire à nouveau la lumière de l’espoir.
#Désespoir #Oraison #Spiritualité