Pauvres gens – LIM Jin-Taek – 2012 – L’harmattan
Quatrième de couverture
On oublie souvent que le peuple est détenteur de tous les droits et de tous les pouvoirs. Bien évidemment, il possède une force d’âme, une profondeur de pensée, une morale et se fait l’interprète de la voix de la sagesse. Il peut donc, parfois, être bien plus brillant que les classes dites supérieures : tel ce fonctionnaire houspillé par un agriculteur, cet archéologue, ce pasteur et cette chamane détentrice du titre de trésor national, ridiculisés par de simples gens, ces prisonniers qui raillent les magistrats.
Mon Avis
J’ai souhaité découvrir le théâtre coréen que je ne connaissais pas. Je pensais, ingénument, qu’il ressemblait au théâtre chinois, avec des effets de manches, etc. J’ai découvert, avec surprise, que, comme en Afrique subsaharienne, il fait interagir les acteurs avec le public. C’est, aussi, un spectacle musical. L’histoire se situe dans les années 1980, où l’Etat impose l’utilisation d’insecticides afin d’assainir les récoltes et de faire en sorte qu’elles soient suffisantes. Après une campagne massive, tous les agriculteurs s’y sont mis. Mais, oui, mais… Vous savez? Il y a toujours quelqu’un qui sort des sentiers battus. Qui refuse d’être un des moutons de Panurge. Ce qui contrarie les représentants du Ministère responsable de l’agriculture. En Corée du sud comme dans de nombreux pays d’Asie ou d’Afrique, le riz est la nourriture de base. Il symbolise la nature, la vie. Quand Dame nature va mal, plus rien ne va.
Le riz est le personnage principal de cette pièce de théâtre. Il représente la nature, l’humain, la Terre-Mère. Par ailleurs, l’auteur dénonce la corruption endémique qui existe au sein des services d’Etat, des fonctionnaires. Il dénonce, en plus, le fait d’appliquer aveuglément les lois, sans tenir compte des réalités naturelles et humaines. Des mises en garde des cultivateurs. Les politiques se pavanent, s’écoutent parler, se ridiculisent. Le peuple n’est pas dupe. Il les observe et rit sous cape. Cette pièce de théâtre démontre que le système est pourri jusqu’à la moelle. La parodie de procès, en prison, le démontre bien. Seuls les paysans ont la tête sur les épaules. Mais, hélas, trois fois hélas, leur opinion et leurs connaissances agraires ne comptent pas.
Que d’humour dans cette pièce de théâtre. N’oublions pas que l’auteur nous dépeint la société coréenne des années 80. Le riz est un bon outil car il permet de parler de l’ensemble de la société, toutes classes sociales confondues. La parodie du jugement des prisonniers démontre que la solution est totalement improbable. La société détourne les yeux, joue aux trois singes ou baisse les bras. Que faire pour changer un système, dans une société où les traditions, les codes sont spécifiques et vitaux? Une société où les plus forts (les plus riches) ont tous les pouvoirs en main? Le sort des paysans et de leurs cultures tient à un fil. La mauvaise gestion agricole risque de les pousser à la famine. Le traducteur Jael-Il LIM, nous a permis de connaître un superbe spectacle qui régale le lecteur.
9782296559608 L’harmattan théâtre 62 p. 10€
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