TrĂšs globalement en accord avec ce texte, sauf que je considĂšre que depuis l'arrivĂ©e de Macron au pouvoir et de ses sbires ministres, dĂ©putĂ©s et autres laquais coutumier.es de pantouflage, cette clique politicarde est bien plus en collusion avec le monde de la finance et le patronat qu'elle n'a juste "un intĂ©rĂȘt Ă se lier au pouvoir Ă©conomique".
Depuis quelques semaines, tous les tĂ©nors du petit monde politicien se livrent Ă une compĂ©tition sans merci pour la conquĂȘte du pouvoir. Le spectacle de tous ces individus exclusivement motivĂ©s par leur avenir personnel ressemble Ă une farce, farce qui prĂȘterait Ă rire sâil ne sâagissait pas de notre futur. Mais par ce que, par les Ă©lections, tous ces politiciens ont obtenu un pouvoir discrĂ©tionnaire sur nos vies, et que nous sommes de fait Ă leur merci, par ce que ces gens peuvent dĂ©cider des choses qui auront des consĂ©quences terribles sur nos vies, la farce de comique devient rĂ©ellement tragique.Tous les candidats de droite ou de gauche qui ont Ă©tĂ© Ă©lus depuis plus de 20 ans Ă la tĂȘte du pays lâont Ă©tĂ© en rabĂąchant« câest moi ou Le Pen », en effrayant les Ă©lecteurs et en agitant le spectre de lâarrivĂ©e au pouvoir de lâextrĂȘme droite. Ă lâĂ©vidence Macron aujourdâhui encore souhaiterait instrumentaliser la peur du fascisme (peur par ailleurs parfaitement lĂ©gitime et justifiĂ©e), car cette instrumentalisation lors des deux prĂ©cĂ©dentes Ă©lections prĂ©sidentielles lui a bien rĂ©ussi en lui permettant de cumuler les voix des Ă©lecteurs de gauche, du centre et de droite.
Accessoirement, lâutilisation de cet argument lui a permis pendant le temps des Ă©lections de dĂ©tourner lâattention des Ă©lecteurs des sujets qui fĂąchent : creusement des inĂ©galitĂ©s, effondrement des services publics, accaparement de la richesse produite par une minoritĂ© minuscule de familles (500 familles accaparent 40 % de la richesse produite), destruction de la nature, etc.
On comprend mieux dans ces conditions la thĂšse dĂ©fendue par AmĂ©dĂ©e Bordiga, thĂ©oricien marxiste italien, « lâantifascisme est une arme de la bourgeoisie contre la classe ouvriĂšre ». Mais, les derniĂšres Ă©lections lâont clairement montrĂ©, la majoritĂ© des Ă©lecteurs français nâest plus effrayĂ©e par le fascisme et trĂšs certainement cette Ă©volution est la consĂ©quence directe Ă la fois de lâincapacitĂ© du systĂšme capitaliste Ă rĂ©pondre aux multiples crises qui ravagent la planĂšte et du spectacle lamentable donnĂ© par les gouvernants.
Notons par ailleurs quâĂ force de vouloir effrayer les Ă©lecteurs, on finit par rendre moins effrayante la chose. Cette situation nâest pas propre Ă la France, partout, pour les mĂȘmes raisons, en Europe et dans le monde, on note la mĂȘme progression des partis dâextrĂȘme droite, ainsi que des idĂ©es vĂ©hiculĂ©es par les mĂȘmes : haine de lâĂ©tranger, nationalisme exacerbĂ©, racisme, haine de la diffĂ©rence, etc.
En rĂ©alitĂ©, contrairement Ă ce que voudraient nous faire croire les mĂ©dias, le problĂšme nâest pas liĂ© Ă la personne des gouvernants, mais Ă la nature mĂȘme du systĂšme ; la dĂ©mocratie reprĂ©sentative implique que lâĂ©lecteur abandonne lors de son vote tous ses pouvoirs Ă lâĂ©lu. Par la grĂące de lâĂ©lection, lâĂ©lu devient seul dĂ©cideur, seul responsable de ses dĂ©cisions et nâa de compte Ă rendre que lors de lâĂ©lection suivante sâil se reprĂ©sente. De ce fait, lâĂ©lecteur se met totalement Ă sa merci. VoilĂ pourquoi nous refusons de prendre part Ă toute Ă©lection reprĂ©sentative en prĂŽnant lâabstention.
Autre farce tragique : la cogestion de ces situations, par les syndicats rĂ©formistes, qui contrĂŽlent toute tentative de rĂ©action contre ce systĂšme en dehors de leurs prĂ©s-carrĂ©. DâoĂč les Ă©checs successifs depuis des dĂ©cennies pour le monde du travail, Ă©chec encore constatĂ© le 18 septembre dernier avec une date fixĂ©e pour diviser le mouvement spontanĂ© du 10 septembre.
La dĂ©mocratie reprĂ©sentative nâa donc en fait rien de dĂ©mocratique, puisque ce systĂšme aboutit en fait Ă donner le pouvoir Ă une petite Ă©lite aristocratique, dĂ©tentrice non seulement du pouvoir politique, mais Ă©galement du pouvoir Ă©conomique. Les dĂ©tenteurs du pouvoir Ă©conomique ont de fait tout intĂ©rĂȘt Ă se lier aux dirigeants politiques puisque les Ă©lites politiques et les Ă©lites Ă©conomiques sont les gagnants de ce systĂšme et partagent donc les mĂȘmes valeurs. Les Ă©lus devenus, par la grĂące de lâĂ©lection, riches et puissants, il ne faut pas sâĂ©tonner si leur Ă©go gonfle formidablement :
Nous, anarchistes, disons que le pouvoir corrompt et rend fou.
Les politiciens nâont que le pouvoir quâon leur donne. Ils ne contribuent Ă rien dans la vie quotidienne Ă part remplir les tribunaux. Le pouvoir quâils recherchent ne sert pas le bien commun. Une fois au pouvoir, il faut lâexercer pour le conserver ou en acquĂ©rir davantage. Faire des alliances prĂ©caires avec dâautres prĂ©dateurs pour en avoir plus. Lâexhiber et le mettre en scĂšne. Jamais le pouvoir ne sert lâintĂ©rĂȘt commun. Il ne sert que lui-mĂȘme dans une course en avant mortifĂšre. Une bande dâarrivistes qui se prennent pour Machiavel, dĂ©cidant du sort des autres Ă lâaune de leur nombril et ambitions personnelles.
Seule une vĂ©ritable dĂ©mocratie directe, constituĂ©e par des assemblĂ©es populaires oĂč chacun pourra exprimer son opinion, Ă©lisant des reprĂ©sentants rĂ©vocables Ă tout moment et avec des mandats impĂ©ratifs, peut Ă©viter le genre de dĂ©rive Ă laquelle nous assistons actuellement.
Mais la transformation du systĂšme de prise de dĂ©cision nâa pas de sens si on ne transforme pas Ă©galement le systĂšme Ă©conomique : un systĂšme de dĂ©mocratie directe nâa pas de sens, et est mĂȘme impossible dans une sociĂ©tĂ© aussi inĂ©galitaire que la nĂŽtre.
Tous ces changements impliquent nĂ©cessairement une RĂ©volution Sociale, câest-Ă -dire une transformation radicale de la sociĂ©tĂ© par lâensemble des citoyens. Mais cette vĂ©ritable rĂ©volution sociale nĂ©cessitera une longue prĂ©paration, de façon Ă ce quâune forte proportion de la population puisse adhĂ©rer en connaissance de causes et volontairement Ă ce projet de transformation de la sociĂ©tĂ©.
Et pour terminer, puisque nous rentrons dans un temps oĂč les incitations Ă aller voter ne manqueront pas, nous rappelons le conseil dâĂlisĂ©e Reclus, gĂ©ographe anarchiste [1] :
« Nâabdiquez donc pas, ne remettez donc pas vos destinĂ©es Ă des hommes forcĂ©ment incapables et Ă des traĂźtres futurs. Ne votez pas ! Au lieu de confier vos intĂ©rĂȘts Ă dâautres, dĂ©fendez-les vous-mĂȘmes ; au lieu de prendre des avocats pour proposer un mode dâaction futur, agissez ! Les occasions ne manquent pas aux hommes de bon vouloir. Rejeter sur les autres la responsabilitĂ© de sa conduite, câest manquer de vaillance. Je vous salue de tout cĆur, Compagnons ».
source : #^https://cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article1459=#
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