Un mois et demi que je n'ai pas publié de retour de lecture pour le #vendredilecture 😬

Évidemment j'ai pas arrêté de lire pendant tout ce temps, au contraire, j'ai même été en vacances... Bref, tenez vous prêts, je commence ici le rattrapage de mes lectures du mois de février.

On commence avec un roman et 3 BD :
- La triste histoire des frères Grossbart de Jesse Bullington
- Moi ce que j'aime c'est les monstres 1&2 par Emil Ferris
- Contrition de Carlos Portela et Keko.

La suite dans le pouet suivant !

La triste histoire des frères Grossbart de Jesse Bullington.

Premier roman de l’auteur, l’histoire des frères Grossbart est présentée comme une fiction basée sur des faits historique, comme si les frères Grossbart avaient vraiment existé et vraiment été les premiers tueurs en série de l’histoire.

Le critique du Guardian a dit « Tarantino croisé avec Rabelais » pour parler de ce roman et franchement, je n’ai pas mieux. Les personnages sont des rustres flamboyants, brutaux et sensibles, vulgaires et plein d’esprit, fanatiques et déterminés. Pilleurs de tombes de père en fils, les Grossbart entament un long voyage sur les traces d’un aïeul jusqu’en Gypte, pays des pharaons et de leurs riches tombeaux.

Leur périple commence par une scène pleine d’hémoglobine et de cruauté qui donne le ton pour le reste de l’aventure. Ils croiseront sur leur chemin sorcières, manticore, démons et sirènes et tout en se vouant corps et âme à la Vierge, sèmeront la mort et la désolation derrière eux.

C’est un bon roman, malgré quelques longueurs, surtout sur le dernier tiers, globalement, j’avais du mal à le poser alors que mes yeux se fermaient tout seul !

#vendredilecture

Moi ce que j’aime c’est les monstres 1&2. Avant même d’avoir terminé le premier tome, je savais que cette oeuvre graphique serait une de mes meilleures lectures de l’année.

Voilà, je pourrais m’arrêter là mais je vais quand même vous dire qu’un tome 3 et un préquel sont prévus, cependant, comme il a fallu attendre 7 ans entre le 1 et le 2, il va falloir être patients. 


Moi ce que j’aime c’est les monstres, c’est à la fois une merveille graphique, entièrement dessinée à la main avec des stylo bics et les meilleures leçons d’histoire de l’art que j’ai pu recevoir dans la vie.

L’histoire est racontée comme un journal écrit et dessiné par une petite fille et nous ouvre une fenêtre intime sur le regard qu’elle porte sur le monde qui l’entoure.
Karen Reyes à 10 ans, elle se voit comme un loup garou, elle est intelligente et sensible et un jour, sa voisine Anka Silverberg disparait. Alors Karen va mener l’enquête et nous emmener avec elle partout à Chicago, au musée ou dans les lieux interlopes, dans ses souvenirs et dans ses rêves.
Chaque page vaut de passer un peu de temps à la regarder vraiment en détail, tout foisonnants qu’ils sont, ils sont tous importants pour l’histoire et sont un ravissement.

Vraiment, hormis l’attente qui s’annonce pour avoir la suite entre les mains, je n’ai rien à dire qui ne soit dithyrambique sur cette œuvre.

#vendredilecture

Contrition de Carlos Portela et Keko. Voici une BD sur un sujet particulier avec lequel je n’étais pas sûre d’être à l’aise : Contrition est une ville peuplée de délinquants sexuels condamnés.

En Floride, ceux-ci n’ont pas le droit de vivre à moins de 1000 pieds d’une école ou d’un lieu fréquenté par des enfants, ça fait donc peu d’espace disponible pour s’installer s’ils souhaitent ou doivent rester dans l’Etat.

C’est là que vit Christian Novak et c’est là que son corps est découvert après l’incendie de sa maison. Marcia, une journaliste du comté de Palm Beach trouve les circonstances du décès étrange et décide, contre l’avis des autorités locales (évidemment) de lancer son enquête.

Le style graphique est très tranché, noir, blanc et hachures pour des ombres taillées à la hache qui vont bien avec l’ambiance assez sordide de l’histoire.

J’aurai aimé m’attacher un peu plus aux personnages, notamment découvrir plus en profondeur la pugnace Marcia, mais l’histoire, bien ficelée, ne laisse pas beaucoup de place (pas assez à mon gout en tout cas) à ses personnages.

#vendredilecture

Je continue le rattrapage de mon retard pour le vendredi lecture !

En territoire Ennemi de Carole Lobel

En territoire Ennemi est un récit autobiographique en BD qui parle d’emprise, d’abus, de résignation et d’isolement.

Jeune adulte Carole, prend ses distance avec sa famille catho-tradi et commence à vivre sa meilleure vie aux beaux-arts où elle va rencontrer Stéphane, un mec beau, plein de charisme qui, ô miracle : va s’intéresser à elle.

Et ainsi commence une relation ou pleins de « petites » choses ne vont pas « mais, c’est pas grand chose, et il est tellement formidable, et puis c’est normal d’avoir mal, non ? » jusqu’à l’étouffement social, jusqu’à ce qu’il ne soit plus possible de subir et de s’excuser du comportement pourri de ce mec que Carole traine comme un boulet.

Même après la fuite, c’est trop tard, un enfant, deux enfants qui enchaînent Carole à cet ex, masculiniste toxique happé par l’idéologie nazie dans laquelle il s’enfonce et entraîne doucement ses fils… Parce que de son enfance, Carole a gardé les histoires de son grand-père qui a combattu le nazisme et elle voit aujourd’hui ce mal se répandre dans son entourage et dresser de hauts murs écrasants autour d’elle.

Le dessin minimaliste porte ce récit difficile et déroule la violence du quotidien sous emprise, de ces petites choses qu’on peut accepter petit à petit et renferme le piège autour de soi. L’emprise ça n’arrive jamais du jour au lendemain et j’espère sincèrement qu’un jour, toutes les Carole trouveront la paix loin de leurs bourreaux et de ce monde qui légitime et nourrit leurs existences.

#vendredilecture

Persistance du merveilleux de Nicolas Nova

J’en avais parlé il y a quelques semaines, car l’auteur de ce livre, l’anthropologue Nicolas Nova est décédé peu de temps après la publication.

C’était un chercheur très sensible aux petites étrangetés que l’on ne remarque pas dans ce qui fait la vie de tous les jours et il avait fait de ces étrangetés un objet de recherche.

Cet ouvrage en particulier s’intéresse à la part de merveilleux dans nos pratiques numériques, aux créatures qui peuplent nos outils, les sites internets, les jeux vidéos etc. Et cherche a démonter cette assertion qui voudrait que l’émerveillement ait disparu de nos quotidiens, que tout ne serait que froide rationalité autour de nous.

Nicolas Nova défend l’idée d’un déplacement du merveilleux, des forêts enchantées vers les objets connectés. Ce déplacement s’est opéré doucement, à mesure que les réalités quotidiennes ont évolué et l’auteur propose une prise de recul sur ce qui fait la magie, invisible parce qu’impensée, de nos pratiques numériques. Ainsi, ce livre nous dévoile un bestiaire merveilleux, daemons, bug, troll, shoggots etc. qui peuple nos machines.

Ce livre est une pépite et si vous avez envie d’entendre l’auteur en parler, je vous conseille cette vidéo https://www.youtube.com/watch?v=P00hMMYeO-o, Nicolas Nova y parle de son livre, de sa recherche et c’est passionnant.

#vendredilecture

Nicolas Nova | Persistance du merveilleux | Séminaire ADR

YouTube

Je continue mon rattrapage de #vendredilecture avec 3 BD :

_ Ada de Barbara Baldi
_ Une nuit d'été de Margot Othats
_ L'arnaque des nouveaux pères de Stéphane Jourdain, Guillaume Daudain et Antoine Grimée

C'est parti !

Ada de Barbara Baldi

Ada c’est l’histoire d’une jeune femme qui, lorsqu'elle échapper à l'attention paternelle, cultive sa passion pour l’observation de la nature et son talent pour la peinture.

On y découvre sa vie rude et sans joie près de son père, ses rares excursions à Vienne et sa relation créative avec un artiste viennois (qui se trouve être Egon Schiele), ancien camarade de classe avec qui elle conserve un lien secret.

C’est une BD qui se lit comme on regarde les images d’un film contemplatif, peu de mot et des tableaux de forêt viennoise qui se déroulent à mesure qu’Ada s’émancipe doucement de l’autorité paternelle aveugle et bornée.

Il semblerait qu’Ada ne soit pas un personnage réel (en tout cas ça n’est pas très clair) mais une artiste imaginaire qui permet à l’autrice, Barbara Baldi de se raconter au travers d’une héroïne fictive liée à des artistes influents qui lui permettent d’ouvrir les bonnes portes pour sortir de l’ombre.

C'est une chouette BD qui squattait les étagères de la bibliothèque depuis un moment (je crois qu'on me l'a offerte pour un anniversaire avant que je ne déménage), je suis contente de l'avoir enfin lue.

Une nuit d’été, Margaux Othats

Une nuit d’été, à la montagne, dans la forêt, un groupe d’ami se retrouve, boit des coups, iels rient, la nuit avance et soudain, un ami ne revient pas de ce petit tour fait dans le bois, alors on le cherche et … Et je n’en dirai pas plus.

C’est une BD qui m’a énormément touchée.

Premièrement, elle parle de ma jeunesse en milieu rural/petite montagne, de mes soirées d’été avec mes amis et de cette inquiétude ressentie plus d’une fois quand un pote trop éméché mettait trop de temps à rejoindre le groupe (même si, dans mon groupe de pote, les dénouements n’ont jamais été dramatiques, on a eu de belles frayeurs).

Deuxièmement, le récit est fait d’images minimalistes et d’aucun mots. Ainsi la lecture est faite d’images et de projections, de dialogues imaginaires et, pour rejoindre mon premier point, des voix de mes amis qui se sont calquées sur celles des personnages de Margaux Othats.

Bref, une BD que je recommande chaudement à toutes celles et ceux qui ont un jour passé une soirée d’été en forêt, avec des copains, des bières et des oinjs et le sentiment que tout aurait pu basculer. Je la recommande aussi à celles et ceux qui n’ont pas vécu ça un jour, mais je sais pas exactement quoi vous dire hormis "les dessins sont stylés", parce que j’ignore si vous y trouverez ce qui m’a autant plu.

#vendredilecture

L’arnaque des nouveaux pères, Stéphane Jourdain, Guillaume Daudin et Antoine Grimée

Pour l’anecdote, cette BD m’a été offerte à noël par mon mec qui sait très bien qu’elle parle de lui. De mon côté j’hésitai à la lui offrir par ce que j'avais peur qu'il se sente blessé 🙃 .

Sur le coup, je me suis dit que c’était vraiment abusé : il sait que je porte 10x plus que lui (minimum) la charge (mentale, émotionnelle, domestique, etc.) familiale que lui et pour Noël il m’offre une BD comme un message pour me dire « je sais et maintenant je sais que tu sais que je sais ».

Passé l’ironie de la situation, j’ai lu avec plaisir cette enquête en BD. Non pas que j’y ai appris énormément de choses que je ne savais pas déjà, mais par ce que les auteurs ont l’air honnête dans leur démarche et leur prise de conscience respective de l’inégalité de la situation.

Cette prise de conscience, chez eux s’est accompagnée de changements dans leur quotidien (petit à petit …) mais aussi de leur position privilégiée pour en parler autour d’eux avec d’autres pères hétéro (parce que malheureusement, les hommes écoutent mieux quand deux hommes leur parlent que quand 100 femmes s’échinent a répéter et répéter les mêmes choses depuis 1000 ans, et les deux auteurs sont très clair là-dessus, ils n’inventent rien et leur enquête ne dit rien que les féministes n’aient déjà mis au jour auparavant).

Y a clairement du taf pour que la situation s’équilibre chez moi, et tous les jours (ou presque) y a de la progression, mais au moins, je sais que c’est possible.

#vendredilecture

Texte de la quatrième de couverture de la BD l'arnaque des nouveaux pères :

"L'avènement de pères qui s'affichent sous une pluie de likes sur Instagram avec leur porte-bébé, fiers de préparer le biberon de leur progéniture, a fait naître l'espoir de foyers enfin égalitaires. Mais les statistiques et les témoignages de femmes racontent une autre réalité : le « nouveau père » reste un mirage. Aujourd'hui encore, les mères gèrent l'essentiel des tâches domestiques et parentales... sans compter la charge mentale.
Pour scruter le rouleau compresseur du « papatriarcat », Guillaume Daudin et Stéphane Jourdain ont rencontré des coachs en paternité, des autrices, des militantes, des chercheuses spécialistes de la parentalité, des responsables publics, etc. La révolution est claire, mais loin d'être achevée. Au bout de leur enquête et d'une introspection sans concession, avec le dessinateur Antoine Grimée à la mise en scène, les deux journalistes vont eux aussi devoir répondre à cette question : quel père, quel compagnon sont-ils ?

@LisaBanana Brrrr effectivement l'ironie est mordante :/
@ViviLeFee oui, je pense qu'ouvrir le paquet en famille m'a permis de choisir rapidement d'afficher ma meilleure "resting bitch face" alors qu'à l'intérieur je hurlait "mais tu te fous de ma gu*** ?!?!?!", vraiment j'ai gagné un oscar dans une autre dimension à ce moment là 😂