Faut que je commence à relire plein de trucs en japonais en fait, je partirai passer le jour de l’an à Tokyo cette année et, vu que je n’y ai pas mis les pieds depuis vingt ans, j’ai tout intérêt à consacrer ce #vendredilecture et la dizaine qui suivra à rafraîchir mon japonais. J’aurais vraiment voulu commencer par l’autre #Murakami moins connu que Haruki et même un peu oublié, #村上龍 #MurakamiRyū, qui m’avait tellement marqué avec son sinistre « コインロッカー・ベイビーズ » de 1980. Mais je ne l’ai plus, perdu il y a quarante ans, et rien à faire depuis la fermeture définitive de la librairie japonaise de Berlin que d’aller à Düsseldorf où il y en a encore. 1/3
C’était une brique de 600 pages qui parlait de deux garçons ayants survécus à être abandonnés par leurs mères dans deux consignes automatiques adjointes à la gare de je ne sais plus où exactement, mais à Tokyo. C’était en fait assez fréquent à l’époque, avec des centaines de cas de nouveau-né·es déposé·es depuis les années 70 dans des casiers un peu partout dans le pays. Le roman parle de tout ce qui était redoutable dans la société japonaise de ces années, pauvreté, violence, drogues, bien le contraire de l’image aseptique colportée dans les médias occidentaux qui préféraient s’exalter sur le miracle économique et la culture mystifiée du pays. 2/3
« Coin locker babies » devrait gagner le prix du plus grand délai à la traduction en anglais (quinze ans après la parution de l’original, 1995), français (1996) et surtout allemand (2015) quand #UrsulaGräfe l’a enfin traduit pour la maison d’édition autrichienne #Septime avec un retard de 35 ans. Chapeau. Mais je vous assure qu’il n’y aura rien perdu de son aplomb, c’est très fort, comme un bon nombre d’autres livres de cet écrivain, d’ailleurs, qui connaît une certaine renaissance du moins dans les pays teutophones. 3/3
En attendant je vais m’attaquer de nouveau à un livre totalement opposé en style, sujet, intention et public, paru la même année (1980). Il n’a jamais été traduit (que je sache) mais son adaptation en série télévisée était assez populaire à la fin des années zéro et même diffusée en dehors du Japon : « 官僚たちの夏 » ou « l’été des bureaucrates » de #城山三郎 #ShiroyamaSaburo. Situé en 1955 dans les milieux des fonctionnaires du fameux MITI, le ministère de l’économie qui jouait un rôle pivot dans la reconstruction du pays d’après-guerre, c’est la bataille féroce entre les protectionnistes et les partisans de libre-échange mondial. « Mad men » avant la lettre. 4/3